rhinocéros to zoon politikon

Ce n’est pas Henri II (dit le beau ténébreux) qui va dire le contraire. Quand le roi entre à Paris  au début juin 1548 pour le couronnement avoir un rhinocéros sous le pied, ça marque une étape.

Pourtant il y avait déjà du monde : le clergé régulier et séculier, 3 000 hommes armés, les imprimeurs et agents de police ferment la marche. Les délégués des 17 corps de métier. 120 enfants des « bobos » de l’époque,  le conseil municipal présidé par Claude Guyot, prévôt des marchands Les nobles et commissaires du Châtelet, le grands chef de Police, Le prévôt de Paris et ses trois lieutenants, les avocats et les procureurs du roi au Châtelet, puis les ours : les Monnaies, les aides, les Comptes et le Parlement ([in] Mémoires de la vie de François de Scepeaux, sire de Vieilleville, […] maréchal de France contenant plusieurs anecdotes des régnes de François 1er, Henri II, François II et Charles IX, composé par Vincent Carloix son secrétaire. Publié par H. -L Guérin et L -F Delatour, 1757, Paris.

Depuis la Porte Saint Denis, jusqu’à la cathédrale, le parcours royal redoublait, à chaque station, de magnificence et de luxe.

Après la fontaine du Ponceau, l’église Saint Jacques de l’Hôpital, c’est à l’église du Saint-Sépulcre. Et là c’est autre chose. C’est un Henri puissant et belliqueux.

En France, c’est la deuxième vague de Renaissance qui commence. La Renaissance de Catherine de Médicis. Il n’y a pas que la fourchette, il y a du symbolique et du mystique.

Le rhinocéros de Dürer est en première ligne, un rhinocéros monde : les hiéroglyphes, les symboles alchimiques, un lion, des obélisques, de la pierraille, des sangliers, le chien (de Diane ?), la fleur de lys, un serpent, la pierre philosophale … etc ..

Henri II; rhinocéros to zoon politikon

« On avait dressé une merveilleuse aiguille trigonale, dit la relation historique, ayant soixante-dix pieds en hauteur depuis son rez-de chaussée, non compris l’empiétement enfoncé en terre à la profondeur de plus de sept pieds. Cette aiguille, sur son rez-de-chaussée, était entourée d’un stylobate ou piédestal de neuf pieds et demi de haut, peint à ses quatre faces comme des pierres de porphyre, jaspe, serpentine et autres. Chacune de ces faces était enrichie des armes du roi et de la reine, avec des chapeaux de triomphe, des croissants, des doubles HH qui diapraient les bordures tout alentour. Sur le plan de ce perron posait la figure d’un rhinocéros , couleur écorce de buis, armé d’écailles naturelles. Il avait dix-huit pieds montée. Une bastine, bien affermie par deux sangles, lui était appliquée sur le dos. Aussi l’animal semblait-il porter ce qui le surmontait. L’aiguille était enrichie en ces trois faces de compartiments dorés sur le fond de porphyre. En la principale il y avait un grand carré contenant les voeux des Parisiens en hiéroglyphes. Au faîte de l’aiguille était une statue de la France, de dix pieds de haut, armée à l’antique, revêtue d’une toge impériale azurée et semée de fleurs-de-lis, ayant l’air de remettre son épée au fourreau, comme si elle eût été victorieuse de plusieurs animaux sauvages et cruels qui gisaient retranchés et morts sous le ventre du rhinocéros. Pour la consécration de l’aiguille, il y avait une inscription latine en un carré, avec des lettres d’or sur fond d’azur. Au bas de l’aiguille, près du dos du rhinocéros, était une inscription grecque faisant allusion au triomphe sur les méchants. Quant aux hiéroglyphes, en voici l’explication. Premièrement il y avait un lion et un chien de front, reposant chacun un pied sur une couronne de France impériale; au milieu d’eux se trouvait un livre antique, fermé à gros fermoirs; dans le livre on avait placé une épée traversante de bout en bout, un serpent tortillé en forme de couleuvre, un croissant large dont les cornes reposaient sur doux termes, un globe, une poupe de navire, un trident, un oeil ouvert, un faisceau consulaire, un rond ou cercle, un pavois, une ancre , deux mains croisées sur des rameaux d’olivier, une corne d’abondance sur laquelle tombait une pluie d’or, un cerf, un dauphin, une couronne de laurier, une lampe antique allumée, un mors de cheval, et puis le timon d’un navire. Tout cela signifiait, en s’adressant au roi : Force et vigilance puissent garder votre royaume ; par conseil , bonne expédition et prudence, soient vos limites étendues ; qu’à vous soit soumise toute la ronde machine de la terre, et que vous dominiez sur la mer, ayant toujours Dieu pour vengeur et défenseur contre vos ennemis ; par ferme paix et concorde, en affluence de tous biens longuement et sainement triomphateur , vivez, régissez et gouvernez ». [in] Magasin pittoresque, 14° année, 1846. Paris. (à dix centimes par livraison)