Babar, les rhinocéros s’en vont en guerre

Il faut aller chez les auteurs romains et notamment Pline l’Ancien pour se convaincre, à tord, d’un quelconque antagonisme entre les rhinocéros et les éléphants.

« Dans les mêmes jeux on montra aussi le rhinocéros qui porte une corne sur le nez ; on en a vu souvent depuis : c’est le second ennemi naturel de l’éléphant. Il aiguise sa corne contre les rochers, et se prépare ainsi au combat, cherchant surtout à atteindre le ventre, qu’il sait être la partie la plus vulnérable. Il est aussi long que l’éléphant ; il a les jambes beaucoup plus courtes, et la couleur du buis. » — Pline l’Ancien

Dès que le rhinocéros arriva à Lisbonne, le roi Manuel 1er du Portugal fit défiler la bête débonnaire, avec d’autres animaux exotiques, au cours d’une ou plusieurs parades dans les rues de la capitale.

Le 3 juin 1515 , jour de la Fête de la Sainte Trinité, le roi organisa un combat opposant le rhinocéros à l’un de ses jeunes éléphants, puisque tout ce que l’on savait des mœurs de cet animal, notamment dans une solide éducation « humaniste », était que l’éléphant et le rhinocéros seraient les pires ennemis.

Découvrant son adversaire et peut-être effrayé par la foule bruyante venue en nombre, l’éléphant courut se réfugier dans son enclos et le rhinocéros fut déclaré triomphalement vainqueur par abandon.

Si le pape Léon X acceptait que Manuel 1er lève un impôt sur son clergé portugais, l’argent récolté permettrait de construire une invincible armada. Ainsi Manuel pourrait casser de l’Espagnol et devenir le maître du monde  !

Le rhinocéros  vainqueur » sera envoyé au pape pour faire du lobbying.

Si vous voulez connaitre les ficelles de ce plan, lisez le livre d’Eugène, Ganda, aux éditions Slatkine.

rhinoceros.world - Albrecht Dürer

Idée qui a perduré longtemps puisque voici une gravure de Johann Elias Ridinger, « Der elephant und das Nashorn » 1760. [in] T.H. Clarke, The rhinoceros from Dürer to Stubbs, 1515-1799.

Apparemment certains éléphants renoncent à la culture classique.